Mars 2020-Mars 2021 : de l’enseignement d’urgence en distanciel où le premier confinement nous a basculés, nous avons tiré des compétences qui nous rendent un peu de liberté et de choix pédagogiques à chaque nouvelle configuration imposée par la crise sanitaire. Cafés pédagogies, webinaires, formations officielles ou improvisées, sites webs, journées d’études nous ont accompagnés pour apprendre à manier des outils numériques, à concevoir des scénarios pédagogiques. Notre pratique nous a alertés sur les dangers du tout-distanciel, sur l’importance des interactions humaines en présentiel. Chacun a pu tirer son bilan personnel et ancrer des pratiques individuelles. Au-delà, quel bilan collectif allons-nous tirer de ce passage forcé par un enseignement distanciel ?
A l’occasion de la journée Fil Rouge du 10 Mai 2021 « Comment tirer un bilan collectif d’une année de pédagogie distancielle ? » :
* Les premiers résultats d’une enquête aux enseignants ont été présentés (Quelle perception de l’enseignement distanciel et de l’usage d’outils numériques qui en découle?)
Tirer un bilan, c’est commencer par faire un tri, et bien différencier entre des conditions de travail imposées ou choisies (distanciel, présentiel, hybride…) et l’utilisation des outils numériques pour favoriser les apprentissages.
Etablir un bilan s’effectue également autour de différents critères choisis pour faire sens : quelles motivations nous donnent notre dynamique pédagogique aujourd’hui et vont nous animer par la suite ? Choix ou réponses à injonctions ? Quel sentiment d’œuvrer utilement ? Avec compétence ? En exerçant une liberté pédagogique ? La dynamique motivationnelle et la théorie de l’autodétermination (Deci, Ryan 1985) ont inspiré un questionnaire interrogeant les causes de nos décisions.
60 % des répondants sont d’assez à tout à fait d’accord avec « le distanciel a imposé des changements incompatibles avec ce que j’estime être mon métier ». L’enseignement à distance peut cependant s’avérer utile : cours magistraux, hybride présentiel/distanciels pour l’enseignement par projet ou l’apprentissage par résolution de problème, publics empêchés, crises, grève, neige….
« Il faut laisser la liberté aux équipes pédagogiques d’utiliser l’enseignement distanciel, si elles le souhaitent. » écrit un répondant.
Les collègues ne ressentent majoritairement pas d’injonction à utiliser des outils numériques. Plus de 80% des répondants déclarent avoir découvert des outils numériques depuis mars 2020, et 86% déclarent en avoir adopté certains et être maintenant très à l’aise pour s’en servir. 54% déclarent qu’ils continueront à utiliser des outils numériques parce que cela peut favoriser les apprentissages ou l’engagement des étudiants. (Résultats plus complets à venir)
Nathalie Younès (ACTé, UCA) a donné une conférence « Vers de nouvelles synergies évaluatives ».
Les évaluations sont perçues comme des freins et occasionnent des tensions : comment les transformer en leviers ? L’évaluation est moins une procédure qu’un processus, une dynamique de champs relationnels permettant des déploiements constructifs – à déclencher en rassemblant les éléments d’une évaluation holistique, en prenant la mesure des logiques contradictoires entre elles, en mettant en place des synergies dialogiques entre les parties prenantes, en construisant un système de médiations psycho-socio-techniques situées et coopératives.
Une synergie éco-systémique naît d’une mise en résonance des différents niveaux. Il convient de définir le paradigme synergique, qui est holistique, situé, ouvert aux interdépendances (ni systématique, ni dogmatique).
** Une table ronde a développé : quelle synergie pour élaborer notre dynamique commune et des directions partagées ?
Déploiement accéléré d’eCampus, ouverture d’un site pédagogique, multiplication des formations, équipements pour enseigner, aides aux étudiants … La synergie est née d’une mobilisation massive et s’est articulée sur plusieurs échelles : : des équipes, des groupes d’enseignants, des composantes, intercomposantes, de groupes autoformés, entre composantes et services, à l’échelle de l’université pour mobiliser différentes directions, en lien avec le ministère via un appel à projet (PIA3) qui a apporté une importante aide financière. Mobilisation des étudiants également, qui se sont impliqués dans de nouvelles manières d’apprendre, nouant de nouvelles coopérations avec leurs enseignants pour continuer à étudier.
Cette synergie s’est construite sur une vision commune de l’intérêt public, avec des valeurs humaines d’ouverture (écoute, bienveillance, confiance aussi bien envers les étudiants que les enseignants) et un soin mis à accompagner en répondant aux besoins matériels par exemple. Comprendre, rassurer, deux éléments importants pour réfléchir ensemble aux examens, à l’évaluation à distance.
Et maintenant, une fois sur cette lancée, voulons-nous continuer ces synergies dans la durée ? Quel sens allons-nous donner à nos projets ?
* Questionnaire élaboré selon un cadre théorique proposé par Thomas Deroche, par Véronique Depoutot, Isabelle Demachy, Isabelle Bournaud, Lionel Husson, Elodie Loubaresse. Dépouillement et analyses : Isabelle Bournaud, Véronique Depoutot, Thomas Deroche.
** La table ronde a rassemblé : Isabelle Demachy (VP CFVU et Innovation pédagogique), Thomas Deroche (VD Formations, Faculté des sciences du sport), Eléonore Douarche (Ingénieure pédagogique, DIP), Romuald Drot (Chargé de mission Innovation pédagogique), Gaël Dupire (VP Etudiant), Sophie Morin-Delerm (Directrice de l’IUT de Sceaux), animée par Véronique Depoutot (VP adj Réussite étudiante et transformation pédagogique).