Transformer sa pratique pédagogique en y intégrant des méthodes actives requiert, au départ, du temps et de l’énergie. La question se pose donc : est-ce un investissement rentable, est-ce vraiment efficace ? Le ressenti des enseignants est généralement positif puisqu’ils observent à un engagement plus important des étudiants. De plus, l’efficacité, en terme d’apprentissage, est réelle. Voir par exemple l’étude de Louis Deslauriers et al. publiée dans science en 2011.
https://science.sciencemag.org/content/332/6031/862.full
Mais qu’en est il du ressenti des étudiants ?
A cette question, Louis Deslauriers a apporté fin septembre une réponse surprenante, publiée dans PNAS. La comparaison porte sur un cours d’introduction à la physique en grand groupe au niveau college à Harvard. Les résultats de deux groupes constitués aléatoirement sont comparés après, d’un côté, un enseignement purement académique transmissif, donné par un enseignant expérimenté « parmi les mieux notés » en visant la plus grande clarté (fluency) de l’exposé , et de l’autre côté, avec des méthodes actives intégrant des débats et la résolution de problèmes simples en petits groupes. Si la mesure de l’apprentissage montre un net avantage aux pédagogies actives, (avec une amélioration bien supérieure à l’écart type) tel n’est pas le ressenti des étudiants qui sont persuadés de mieux apprendre avec une pédagogie « passive ».
https://www.pnas.org/content/116/39/19251
Aussi, l’auteur recommande de présenter en début de cours l’efficacité des approches actives aux étudiants. L’étude a porté sur des étudiants de Harvard, mais il ne s’agit pas ici des étudiants les plus brillants en physique qui choisissent un autre cours ; aussi, d’après l’auteur, le niveau est comparable à celui d’étudiants de n’importe quelle université.