Avant de répondre au « comment », il a paru nécessaire de définir le périmètre : qu’entend-on par « innovation pédagogique » ? Ici, c’est le mot qui désigne « à la fois le processus et le résultat : il s’agit d’introduire du nouveau dans un contexte existant.*1

Et puis qui peut transmettre? Un maître à ses disciples? Un « primus inter pares »? Ou bien, tout simplement des collègues désireux de partager… Mais attention aux freins : chasses gardées, manque de confiance en soi si l’on ne possède pas de formation ou les mots savants pour parler pédagogie, environnement méfiant ou indifférent, place incertaine dans le groupe parce que l’on vient d’arriver..

Pourquoi transmettre, d’ailleurs? Parce qu’un besoin s’exprime chez des collègues, pour aider les étudiants en améliorant la pédagogie, pour sortir de son isolement, par insatisfaction ou lassitude de la routine, pour le plaisir de mener une expérience, ou de la partager et de communiquer son enthousiasme. Parfois aussi parce que l’on prend sa retraite, et qu’on ne voudrait pas tout laisser perdre… Paradoxalement, parce que l’action même de transmettre oblige à analyser, remettre en question et améliorer encore.

La simple mise en place d’échanges est d’ailleurs parfois la première innovation – un changement de paradigme dans la manière d’enseigner, et une sortie de sa zone de confort, celle que l’on quitte peut-être déjà quand enseigner devient ennuyeux – celle qu’on est sûr de connaître si on change ses habitudes et potentiellement celles des collègues.

Le « comment » de « comment transmettre » se joue sur plusieurs plans.

-> Sans doute pour commencer, fournir de l’accessible, une méthode simple, un vocabulaire clair, une méthode de mesure d’impact, une description structurée (voir par ex la fiche pédagogique sur ce site.

-> Expliquer le pourquoi de l’innovation, ne pas se poser en détenteur de vérité, laisser prendre sans se croire dépossédé, laisser aux collègues une marge de créativité, de « réinvention, réadaptation »*2

-> Choisir des supports pertinents, des lieux ouverts, saisir les opportunités d’échanges : fiches, billets – sur Persay 🙂 mais aussi ateliers, cafés pédagogies, communications en colloques etc., sans oublier le compagnonnage, l’enseignement à deux au même groupe par exemple.

Enfin tous s’accordent pour apprécier un environnement bienveillant : démarrer un travail d’équipe est d’autant plus porteur que les collègues s’apprécient, et des espaces de convivialité y contribuent. L’équipe apporte un soutien précieux, qu’il soit intellectuel, technique (ou moral, lors des passages à vide !) L’espace de travail doit s’y prêter également – des salles ouvertes, du matériel flexible. Et last but not least, il faut également touver ou ménager de l’espace dans les maquettes pédagogiques…

*1 Christelle Lison, Denis Bédard, Chantale Beaucher et Denis Trudelle, « De l’innovation à un modèle de dynamique innovationnelle en enseignement supérieur »  2014 http://ripes.revues.org/771

*2 Bernard Coulibaly, Hélène Hermann, « L’appropriation d’une innovation par ses usagers : auour du futur learning centre de l’Université de haute Alsace »,  Revue internationale de pédagogie de lenseignement supérieur [En ligne], 31-2 | 2015, mis en ligne le 01 juillet2015, URL : http://ripes.revues.org/961

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